Du harcèlement scolaire ?

Depuis quelques années on en parle, à l’école, au collège, sur internet, à la télé et dans les médias. Le harcèlement scolaire existe pourtant depuis bien plus longtemps. Il ne s’agit pas d’un fait nouveau, généré par les dérives de notre société, même si elle en accentue l’effet et la portée. 

Le harcèlement scolaire est aujourd’hui communément identifié : ce sont des agressions physiques et/ou verbales, des injures, insultes, menaces, moqueries pratiquées en groupe envers une seule et même personne. Sur le lieu de l’école mais aussi sur les réseaux sociaux, ne laissant à la victime aucun répit, aucun lieu pour retrouver un minimum de tranquillité.

Pourquoi ? Pour une différence, même la plus infime. Pour une couleur de cheveux, un détail physique jugé hors norme, une façon de s’exprimer, d’employer un certain vocabulaire. Contrairement à ce que l’on peuts’imaginer ce sont souvent les petites différences, les petites choses qui« clochent », qui dérangent, qui agacent. Souvent également, la victime est un enfant ou un adolescent manquant de confiance en soi, habitué à se remettre en question, sensible et souvent particulièrement bienveillant. Ou tout simplement traversant une période difficile. N’ayant pas en sa possession les moyens de se défendre. Il aimerait se défendre… Il y pense souvent à ce qu’il pourrait bien leur répondre… Mais face à ses harceleurs tout s’effondre.

On entend encore trop souvent les adultes exprimer leurincompréhension : «  défend toi ! » oui mais comment ? «  laisse les dire, il en auront marre et finiront par arrêter », « ils sont jaloux ne t’inquiète pas ». Autant de conseils inutiles qui ne mèneront qu’à l’isolement total de la victime, qui s’enfermera dans le silence de la honte. Honte de décevoir ses parents en ne trouvant pas les moyens de se défendre. Des parents qu’il ne voudrait pour rien au monde décevoir.

Les conséquences du harcèlement scolaire sont toujours graves, même lorsqu’elles se font plus discrètes. Lorsque l’on rase les murs dans la peur et la honte pendant une année scolaire, voire plus, il y atoujours des conséquences : Dépression, échec scolaire, anorexie,conduites à risque, pensées suicidaires, anxiété durable, somatisations. Sur le long terme il entrave durablement le parcours de vie de la victime. Il s’agit d’une blessure qui reste, une empreinte. Et la capacité de résilience n’est pas la même pour chacun, ou plutôt les conditions qui permettent le processus de résilience n’est pas toujours facilité.

Il existe pourtant des solutions. Et cela commence par une prise de conscience et une volonté d’agir vite pour les adultes au courant de la situation. Lorsqu’ils ont la chance d’être au courant car certains enfants n’en parlent tout simplement jamais. Les institutions scolaires sont aujourd’hui beaucoup plus au fait de ces situations et certaines s’investissent profondément dans leur repérage, afin d’y mettre un terme. Afin également que l’enfant sorte de son isolement et puisse bénéficier d’un accompagnement adapté.

Pourtant aujourd’hui encore j’entend ça et là quelques discours visant à minimiser certains types de harcèlement. C’est souvent lorsqu’il est discret qu’il n’est pas repéré ou qu’il passe pour des « chamailleries »,des « histoires de gosses », des petites moqueries sans conséquences. On entend alors « non ce n’est pas quand même pas du harcèlement scolaire, ça ne va pas jusque là. »

Le harcèlement scolaire c’est aussi les chuchotements dans les couloirs, les petites moqueries discrètes de la table du fond de la classe, les regards ironiques pendant un exposé au tableau, l’isolement à la cantine ou au self, les bousculades. C’est la combinaison de tous ces comportements visant à rabaisser ou à stigmatiser un autre élève, ainsi que leur répétition quotidienne qui fait le harcèlement scolaire.

En plus du devoir de protection de l’équipe éducative témoin ou au courant de la situation,  il existe des outils concrets et adaptés à chaque situation de harcèlement. Il est nécessaire de réfléchir avec l’enfant ou l’adolescent à une manière de se défendre dont il n’a pas encore connaissance.

Cela commence par le renforcement de la confiance en soi, un travail sur la posture, des pistes de réponses qu’il pourra utiliser sur le lieu de l’école. Il s’agit pour l’enfant de trouver un ancrage qui lui permettra d’être certain de sa valeur et de poser un autre regard sur sa situation, afin d’en sortir définitivement.

Mais pour cela il est nécessaire de ne pas rester seul, tant pour la victime que pour ses parents, d’être accompagné par des professionnels ressources.

Un numéro utile : le 3020. Où une équipe de professionnels expérimentés est à l’écoute et oriente les usagers vers des professionnels selon leur lieu de résidence.